Avant traitement, le document est visité, sa complétude et son foliotage sont vérifiés, les déchirures, les lacunes et défauts sont recensés.
Dans ce même temps, l’état de la couture est visité dans sa complexité et l’étude structurelle de la reliure sera effectuée afin de récolter un maximum d’information pour sa restauration ou sa reconfection après intervention sur le papier.
Dans le cas d’ouvrages reliés ou cousus, le débrochage incorpore le démontage de la reliure, du corps d’ouvrage et de la couture, l’étude complémentaire de sa structure pour une reconstitution à l’identique, selon la demande, d’une future couture.
Si besoin, les coutures d’origine (couture du bloc papier et surjetage) seront délicatement coupées à l’aide d’une pointe de reliure. De même, le foliotage complet ou partiel sera réalisé conformément aux règles pour la conservation des documents d’archives, à l’aide d’une mine de plomb.
Suppression des résidus de l’encollage antérieur (apprêture), étape généralement réalisée par cataplasme d’argile de synthèse ou de tylose.
Le brossage de surface, quand il sera nécessaire, sera réalisé à l’aide de brosses douces japonaises sur une table isolée spécifiquement pour cette opération. Le gommage sera effectué à l'aide de gommes PVC de degrés d’abrasivité variables, latex ou en poudre (selon la fragilité du support et le degré d’empoussièrement), et réalisé prioritairement sur les feuillets qui recevront une restauration papier. Ponctuellement un encrassement profond peut nous amener à utiliser la gomme Stadler sur les zones vierges d’information, cette intervention sera réalisée par des mouvements circulaires délicats afin de ne pas déchirer le papier fragilisé sans gommage direct sur les zones informées (risque de pertes de relief et d’intensité des tracés). Un second brossage permettra la suppression des résidus de gommage.
En présence de traces d’anciennes infestations manifestes, il pourra être pratiqué un dépoussiérage par micro-aspiration (aspirateur Muntz 555 HEPA) ; cette solution permettant de ne pas écraser et imprimer dans la fibre d'anciens spores. Lors d’importantes fragilités, une interface de type non-tissé ajouré sera appliquée entre le document et l’embout fin (ou la brosse) de l’aspirateur afin de ne perdre aucun fragment du document.
La stabilité des informations imprimées et manuscrites est testée à l’aide de bâtonnets de coton humidifiés d’eau déminéralisée permettant de s’assurer de l’innocuité des traitements ultérieurs. Selon les résultats et le besoin, les mêmes tests sont réalisés avec alcools, essences, cétones… Les tests de réversibilité des colles sont semblables quant aux méthodes.
L’acidité du support est mesurée par une prise de pH et une fiche d’analyse préalable à l’intervention est communiquée à l’opérateur.
Il convient avant d’intervenir davantage de mettre correctement à plat les feuillets. Nous replacerons convenablement les feuillets aux angles déformés à l’aide de plioirs, nous ôterons les plis intempestifs et selon le besoin, humidifierons légèrement les feuillets (si les encres et pigments sous-jacents ne présentent pas de solubilité avérée) les plus plissés et froissés avant de les placer sous poids entre non-tissés et buvards pour parfaire leur mise à plat indispensable à la suite des interventions.
Les fonds de cahiers collés entre eux seront décollés (soit à sec, ou par cataplasme de tylose, de Laponite (…), selon tests) pour être restaurées selon le besoin. La méthodologie de dépose des retombes collées sur les feuillets de texte est la même, avec une attention particulière apportée lors de tracés présents sous la zone encollée de la retombe.
Suivant l’adhésif et la nature de sa colle, les méthodes et produits de décollement diffèrent : à sec, sous ambiance humide (générateur de vapeur, cataplasme de tylose, de Laponite(…), chambre d’humidification, goretex…), avec eau (immersion ou flottaison), alcools, essences, cétones… Préalablement de nombreux et méticuleux tests seront réalisés quant à la réactivité aux produits et en prenant soin des encres solubles.
Tous types d’adhésifs devront être ôtés. Seuls les anciens renforts portant préjudices à la conservation (provoquant des plis intempestifs et ondulations, mal collés, couvrant les informations…) du document seront retirés dans la mesure du possible et sans atteinte à l’intégrité du document.
Les différentes dégradations qui nécessitent un renforcement localisé sont les suivantes : déchirures ponctuelles, plis intempestifs, galeries d’insectes… Elles seront traitées par un apport ponctuel de Kizuki Kozo 6 gr crème sur une ou deux faces à l’aide de colle méthylcellulose (tylose), de colle d’amidon ou de colle hydroxypropylcellulose en fonction des encres et de l’adhérence du support papier avec le japon. Le comblage ponctuel des lacunes de petites surfaces n’est généralement pas nécessaire.
Si besoin et selon les cas rencontrés, cette étape de restauration peut être complétée par une mise sous poids des feuillets entre bondinas et foulage, pour parfaire la mise à plat des feuillets en exploitant la légère humidification ainsi apportée.
Un ébarbage soigné des matériaux de renforcement terminera cette opération.
Les papiers japonais utilisés ont un grammage adapté à la résistance du support et aux caractéristiques des fragilisations traitées (6 à 9gr/m2) Japons Kizuki Kozo 6gr / Tengujo M6 9gr / Mitsumata 11gr / Kozo K35 18 et Kozo 43 29gr / Kozo K33 40gr / Takogami 43 et 65gr / Papier japon NAO de divers grammages et colle méthylcellulose ou colle d’amidon. Cette solution n’est envisageable que dans le cas d’encres et pigments non solubles à l’eau. Dans le cas contraire, on réalisera le doublage à l’hydroxypropylcellulose (Klucel G) en solution alcoolique élaborée au bain marie. En fonction des altérations rencontrées, le doublage peut être réalisé sur une ou deux faces, en plein ou localisé à la dégradation.
Si besoin et selon les cas rencontrés, cette étape de restauration peut être complétée par une mise sous poids des feuillets entre bondinas et foulage, pour parfaire la mise à plat des feuillets en exploitant la légère humidification ainsi apportée.
Un ébarbage soigné des matériaux de renforcement, sans atteinte au papier originel, terminera cette opération.
Selon le « comportement » du papier au cours du séchage (gauchissement), une mise sous poids, feuille à feuille ou par cahier, sera réalisée entre ais de bois, protégé par du non-tissé, des buvards et du foulage.
Les feuillets ne nécessitant pas de doublage en plein mais dont la tenue (« main ») est insuffisante, nécessiteront un réencollage ponctuel. Nous le réaliserons avec de la tylose 1,5% à 3% afin de re-souder les fibres du papier et de permettre sa manipulation correcte. La mise à plat citée ci-dessus est indispensable pour parfaire cette étape.
Les retombes et les feuillets volants seront remontés en leur place originelle sur onglets de papier japonais. Après convenance avec le donneur d’ordre, ces feuillets pourront être remontés au niveau des fonds de cahier pour faciliter leur manipulation et éviter d’éventuelles dégradations (plis intempestifs, déchirures…) ou bien en tranche de tête selon l’absence de zones vierges en fond de cahier. A la demande du donneur d’ordre, les feuillets volants pourront être restitués à part avec identification possible de leur emplacement initial (foliotation).
Dans une liasse, des cahiers peuvent être de plus petit format et rendre complexe leur couture au sein de l’ensemble du bloc livre. Dans le cas présent, nous monterons le cahier après restauration, sur un onglet cousu (papier vergé ou vélin de grammage adapté). Cet onglet cousu permettra la concordance de largeur des feuillets et correspondra à la hauteur des cahiers plus grands pour faciliter la couture et harmoniser le bloc papier.
Certains feuillets rencontrés dans les liasses peuvent présenter des caractéristiques spécifiques : manuscrits comprenant des cachets de cire, extraits comprenant un cachet sous papier, lettres manuscrites présentées comme une enveloppe (tracés en recto et verso), testaments...
Ces feuillets seront traités au cas par cas selon leurs besoins : nettoyage, mise à plat, renforcement localisé, comblage, montage sur onglet…
Les gardes d’origine perdues ou trop dégradées devront être remplacées par de nouveaux cahiers de gardes aux formats adaptés en papiers appropriés (voir ci-dessus – feuillets fantômes). Dans le cas de gardes de couleur à motif, nous faisons appel aux services de Marianne Peter (marbreur installée en Corrèze) pour réaliser des papiers au plus proche des originaux après présentation d’un échantillon subsistant.
Il convient de replier les feuillets, de les reclasser afin de reconstituer les cahiers. Nous les mettrons sous poids pour leur redonner une homogénéité commune et les préparer à la couture.
Certains volumes possèdent une couture en assez bon état où seuls quelques fils présentent des faiblesses ou bien les premier et/ou dernier cahiers sont détachés. Pour éviter une intervention de débrochage et de réparations des fonds trop lourde et interventionniste, nous proposons de conserver la couture existante et de la renforcer par des points de maintien ponctuels. Pour cela nous utilisons un fil au plus proche de l’existant et rattachons ce nouveau fil aux points de couture d’origine et reprenons la couture rompue ponctuellement.
Pour les volumes concernés et après mise sous poids des cahiers, la couture sera réalisée sur ficelles, septains, rubans, lacets de cuir, à aiguillées (…) et selon les données de l’étude de sa structure prélevées lors du débrochage. Nous utiliserons du fil de lin teinté de grammage adapté pour réaliser la couture des cahiers.
La consolidation de la couture d’origine peut être réalisée ponctuellement aux cassures du fil de couture originel avec du fil de lin crème de grammage adapté, avec accès au dos du bloc-livre (dans le cas d’une restauration de reliure, le dos de la couvrure devra être partiellement déposé).
Lorsque les nerfs ou ficelles sont rompus au niveau des mors, il faut envisager de remplacer leur fonction originelle sans remplacer la totalité de la ficelle ou du nerf (prestation trop interventionniste = refaire la couture). Il convient de refaire le lien plat-couture par l’apport d’un fil de couture en lin de section appropriée, de le faire passer dans l’épaisseur du carton plat vers la garde (décollée partiellement quand possible) à l’aide d’un poinçon, de le défibrer à son extrémité, de le coller en soleil sur le plat côté garde en l’écrasant au maximum, de passer l’autre extrémité du fil sous la ficelle originelle cousue dans les fonds de cahier également à l’aide d’un poinçon et de finir son maintien dans le dos du bloc livre par un encollage en soleil incrusté de l’extrémité ressortie.
Dans la mesure du possible et selon la demande, nous réincrusterons les éléments récupérés de la reliure d’origine dans la reliure neuve (pièces de titre, étiquettes papier…).
La confection d’un nouveau titrage se fera, en premier lieu, en fonction des éléments récupérés sur l’original. A défaut, nous nous orienterons vers les services concernés afin de récupérer les informations à rapporter. Les travaux de titrage comprendront généralement trois lignes (titrage et/ou cotation) et seront effectués au film or 21 carats (Alivon - P65) sur pièce de titre en chagrin.
Le titrage de la cote peut également être réalisé sur pièce de titre en cuir ou bien de façon informatique sur une étiquette papier collée en bas du dos et ce selon les directives fournies par le donneur d’ordre.